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Sandrine Deville

Architecte de formation

PARCOURS

Sandrine Deville vit et travaille à Biarritz. Elle est née à Chêne-Bougeries, en Suisse, et très jeune est sensibilisée au milieu artistique, notamment par son oncle paternel, qui est artiste- peintre, et par son cousin, architecte. Ses parents, grands adeptes de musique avec un grand choix de 33 tours à écouter au salon, contribuent à lui donner le goût pour la pratique du violon, en lui donnant la possibilité de travailler l’instrument au Conservatoire Régional de Musique, où elle y restera quatre ans, validant les examens de fin de cycle.

 

Adorant l’architecture et l’aménagement de la piscine genevoise où elle nage de temps en temps avant son adolescence, elle se met un jour à imaginer des plans pour une piscine, et ce sera un des éléments déclencheurs pour s’inscrire en école d’architecture. Elle est ainsi diplômée architecte de l’Ecole Polytechnique Fédérale de Lausanne en Suisse, en 2000, en étant lauréate du prix spécial pour le mémoire théorique de diplôme le plus original, qu’elle obtient grâce à son sujet : « Le Skateboard, une glisse urbaine ». Elle y analyse le lien étroit qu’entretient le skater avec le territoire urbain, et souhaite réaliser un mobilier urbain en harmonie avec les pratiques de glisses urbaines, notamment un banc.

C’est dans le but de trouver une entreprise porteuse pour la réalisation d’un tel banc, qu’elle intègre et obtient en 2001, un Master en Ingénierie de produits (ESTIA, Bidart). Elle trouve alors un stage dans une entreprise locale de Publicité sur le Lieu de Vente, spécialisée dans la glisse, qui lui fera découvrir une véritable passion pour la modélisation 3D, et la vérification de l’idée grâce au prototypage 3D. Cet engouement ne cessera de croître.

 

De 2002 à 2013, elle travaille comme architecte au sein d’agences du Pays basque, tant pour le secteur privé que pour des marchés publics. Elle y développe une expérience pointue sur la réhabilitation du bâti durant son contrat dans une agence bayonnaise, utilisant la construction traditionnelle et dans « les règles de l’art » en secteur sauvegardé de Bayonne, soumis à des normes strictes, en choisissant des matériaux locaux pour le ravalement de façades comme la pierre de Bidache. La pratique intense du chantier lui permet aussi de se confronter à la réalité du métier. La pratique des marchés publics sera abordée dans une autre agence locale, avec les délais très serrés qu’il en résulte, mais aussi l’émulation de créer en équipe et d’inventer des bâtiments variés, avec l’attente fiévreuse du résultat du concours rendu. C’est cet aspect créatif, avec la sensibilité pour les matériaux et le tissu urbain du bâti environnant, qui plaît le plus à Sandrine dans sa pratique d’architecte. Cependant, l’envie de se former au prototypage 3D, et à la modélisation 3D de manière poussée, suscite de plus en plus son engouement, d’autant plus que deux nouvelles technologies de prototypage rapide sont en plein essor : l’impression 3D et la découpe numérique, grâce à la modélisation 3D pointue. Elle entrevoit ces nouvelles technologies comme une autre manière d’appréhender le projet d’architecture, de manière beaucoup plus ouverte en termes de formes : fin 2009, l’architecte Zaha Hadid remporte trois prix prestigieux d’architecture pour son Musée National d’Art du XXIe siècle, le MAXXI, qui se veut « un manifeste architectural du paramétricisme », ou, « une architecture-sculpture composée sur ordinateur ». Cependant, ce type de conception architecturale n’est alors pas très courant en France, et c’est pourquoi, elle choisit d’appréhender cette nouvelle pratique non plus par l’architecture (mais elle reste bien architecte), mais par le design et la modélisation 3D.

 

Son premier objet est prototypé en 2016 : elle conçoit un banc en découpe numérique, Soul’s Experience, inspiré de la forme de la vague : souhaitant enfin réaliser ce banc, en harmonie avec les glisses urbaines, et vivant depuis 2000 sur Biarritz, c’est tout naturellement que la forme d’une vague est choisie pour le banc.

 

En mars 2017, Sandrine Deville décide de se consacrer pleinement à sa passion, en créant son propre studio de « design plastique », Bluefactoriz, en s’immatriculant à la Maison des Artistes. Son choix est fortement influençé par l’exposition d’Anabelle Soriano, plasticienne, vue à Anglet en janvier 2017 : Géométrie Habitée. En effet, Annabelle Soriano, après avoir effectué un premier cycle d’architecture à l’Ecole d’Architecture de Lyon, bifurque vers les arts plastiques en obtenant le DNSAP de l’Ecole Des Beaux- Arts de Paris : c’est l’exploitation du potentiel plastique de l’espace qui l’intéresse, jugeant que la créativité dans l’architecture est mise à mal par beaucoup de contraintes. La production d’objets et de sculptures de Sandrine intègre fortement les nouvelles technologies de prototypage rapide que sont la découpe numérique, la découpe laser et à jet d’eau, et l’impression 3D. Ce type de process de fabrication est particulièrement adapté à la réalisation d’objets et sculptures en petite quantité.

 

La démarche de maquette en carton utilisée lors de son cursus d’architecte a conduit Sandrine Deville à concevoir deux œuvres collectives en carton au sein de deux EHPAD : en juillet 2017, Beaubourg revisité, pour les 40 ans du musée, en octobre 2017, Intemporelle Estacade.

Beaubourg revisité consistait à faire réaliser aux résidents d’EHPAD une réappropriation du bâtiment, sculpture à l’échelle du 150e, grâce à du carton de récupération, et à des feuilles de calques coloriées. Le but était que les résidents puissent détourner de manière ludique un bâtiment emblématique du 20e siècle, grâce à ce workshop. L’atelier a permis de faire participer chaque résident inscrit à l’activité, quel que soit son handicap, ou sa santé, du moment que l’envie était la plus forte.

Intemporelle Estacade a permis d’isoler quatre des 75 tronçons constituant la passerelle en bois, pour en faire une sculpture au 10e et en carton recyclé. Les délais étaient courts, et l’objet réalisé, bien que nécessitant minutie et concentration de la part des résidents, a motivé les participants, très fiers de leur création. L’atelier eut lieu d'octobre à décembre 2017, à raison de deux heures par semaine. En mars 2018, le travail fut exposé à la Maison de l’Oralité et du Patrimoine de Capbreton. L’expérience générée par la conduite de ces deux ateliers fut très motivante et enrichissante.

 

En septembre 2018, elle passe et obtient un DNA de design à l’isdaT de Toulouse: elle souhaite ainsi croiser sa formation initiale d’architecte, avec une approche du design selon le terme « designer-plasticienne », avec un grand intérêt pour les sciences de l’ingénieur et les matériaux, pratiquées durant son cursus d’architecte, dans l’approche conceptuelle du projet.

 

Les productions de Sandrine s’inscrivent dans un mode de conception similaire : l’idée puise son inspiration dans un paysage, une référence (scientifique, musicale), et de là germe le projet. Ainsi, passionnée par le groupe Joy Divison et le violon, elle design un violon électro-acoustique, Transmission, produit en impression 3D et dont les tables supérieures et inférieures, ainsi que le chevalet, s’inspirent des pulsars illustrant la pochette d’album Unknown Pleasures du groupe Joy Division, conçue par le designer Peter Saville, en juin 2017. Début 2018, les courbes des pulsars utilisées pour réaliser Transmission évoluent en une lampe, Darken Light, sculpture organique et micro-architecture en impression 3D blanche.

La référence peut aussi se tourner vers le "Z" emblématique de la Zig-Zag Chair conçue par Geritt Rietveld en 1934, mais appliquée à la nouvelle technologie de prototypage que constitue la découpe laser: le projet lauréat conçu par Sandrine, intitulé "Revisitando Rietveld", lançé par la Tabakalera de San Sebastian (Centre International de la Culture Contemporaine), revisite l'iconique chaise mais en utilisant une soixantaine de feuilles de carton cannelé découpées au laser et deux plaques de contreplaqué aux extrémités, au sein du fablab du centre.

 

Puis, souhaitant mêler l'utilisation de son violon Transmission conçu par ses soins, et la pratique musicale du violon, elle crée le projet  éponyme Transmission, qui utilise les cordes et les synthétiseurs analogiques: pendant un an elle va composer le premier LP intitulé Cosmos, aidée par Jean-Philippe Torrès à son Drone Studio, qui posera ses claviers additionnels, ses boîtes à rythmes old-school, ses arrangements, son sound design, son mixage et son mastering. C'est alors que le disque voit le jour fin 2020, produit et signé par le label brésilien Wave Records. 2021 sera alors l'occasion de travailler le projet pour la scène, avec un premier concert donné à San Sebastian à la salle du Mogambo, le 2 juillet.

Fin 2021, Sandrine, souhaitant poursuivre sa mise en place d'oeuvres collectives au sein d'EHPAD et de structures de santé, se forme à Bordeaux au sein du Pôle Culture et Santé de Nouvelle Aquitaine, et obtient l'attestation individuelle de fin de formation "Elaborer, conduire et évaluer un projet de coopération avec une structure de santé", au sein de la Fabrique Pola. Cet atelier lui permet aussi de développer un projet qui lui tient à coeur depuis quelques années: concevoir un algorythme paramétrique au sein de son logiciel de prédilection, Rhinocéros 3D, permettant de donner des formes aux sons de la nature, notamment des sons provenant du biorythme de plantes qu'elle enregistre. La présentation orale des bases de ce projet complexe devant le groupe de travail est un détonateur pour lui donner l'envie de mettre en place un projet artistique au long cours, utilisant cette toute nouvelle formule.

DEMARCHE

Sandrine Deville, dans sa ligne artistique, crée l’objet, ou la sculpture, en utilisant une multiplication de couches, de strates, de sections de modules, ou de motifs. Ces strates peuvent être identiques, et s’arrêter au moment où elles forment le design souhaité ; ou, évoluer, se métamorphoser, découler les unes des autres, en s’imbriquant les unes dans les autres.

 

Pour son mode de production, elle peut s’inspirer d’un paysage, d’une image, d’une référence. De cette dernière, elle en isolera un motif, une matière, une couleur, qui lui servira de base pour créer un nouvel objet. Le paysage peut-être concret et existant, comme un lieu, une topographie, mais il peut aussi découler de la matérialisation scientifique d’événements, ou d’ondes, transformés eux aussi en territoires inconnus et nouveaux à exploiter et explorer.

 

Les objets créés demeurent aux croisements entre design, où l’objet a une fonction ; formes sculpturales pouvant évoluer en objets fonctionnels ; architectures à échelle réduite : Sandrine aime à se jouer des limites fixant ces diverses disciplines, et assume clairement une transversalité de ses créations. Dans cette manière de concevoir, elle se sent très proche du studio londonien Shiro Studio, dirigé par l’architecte Andrea Morgante : design de montres pour Alessi; projets d’architecture ; réalisation de Radiolaria, un des premiers pavillons tout en impression 3D béton ; design de bancs dessinés comme des topographies. Elle estime que l’acte de création ne peut et ne doit pas se murer dans une seule et même discipline, et sa formation d’architecte dplg, complétée par un Master d’Ingéniérie, et d’un DNA option design, affirment cette revendication.

 

L’intégration des nouvelles technologies de prototypage rapide comme l’impression 3d, la découpe numérique, la découpe laser, permettent la réalisation de nouvelles formes, organiques, paramétriques et paramétrables, composées sur ordinateur, par le biais notamment du logiciel Rhinoceros 3D. Dans le cas de l’impression 3D, Sandrine pense l’objet comme une forme monolithique, sans aucun assemblage : les strates sont reliées les unes aux autres dans le logiciel, pour former un volume organique. Dans le cas de la découpe numérique et laser, les séquences seront assemblées entre elles, révélant l’épaisseur du matériau choisi.

 

Le violon Transmission avec sa table révélant une topographie de pulsars nécessitait d’être fabriqué grâce à l’impression 3D : le rendu final souhaité était un monolithe blanc, lisse, d’une seule pièce. En revanche, Revisitando Rietveld, lauréat de l’appel à projet lançé en septembre 2018 par Hirikilabs, le fabLab de la Tabakalera (Centre International de la Culture Contemporaine de San Sebastian) nécessitait l’assemblage et le collage de soixante séquences de feuilles de carton, afin de révéler l’architecture du carton à double cannelure.

 

Durant la préparation de son Diplôme National d'Art en option design à l'isdaT de Toulouse en 2018, Sandrine s'est découverte une véritable passion pour la modélisation 3D, et sa représentation à échelle réelle grâce à l'impression 3D et la découpe laser, techniques contemporaines issues de la culture « maker » développée dans les laboratoires de fabrication digitales, encore dénommés « Fablabs ». Les références puisées pour la préparation de son mémoire théorique de diplôme l'ont conduite vers les œuvres de l'architecte et designer Guto Requena et sa Noize Chair , conçue grâce aux formes générées par l'enregistrement des sons des rues de Sao Paulo, par le biais d'un programme d'informatique paramétrique.

 

Cette étape de formation à la 3D, matérialisée par le détournement de phénomènes naturels, fut déterminante pour la construction de sa problématique : comment, à travers l'utilisation de techniques contemporaines telles que la 3D, étudier l'expérimentation plastique de formes issues de sons provenant de la nature et occasionner un inventaire de symboles, à travers des œuvres qui figent le mouvement et révèlent une réinterprétation de notre environnement  ?

 

Elle a initié sa démarche en traduisant en sculptures et vases les formes issues du biorythme de plantes et de fleurs, grâce à un programme d'informatique paramétrique créé par ses soins. Le médium utilisé fut l'impression 3D et la découpe laser. Elle continue actuellement cette recherche en donnant vie à des sculptures en argile auto-durcissantes, modelées dans des demi moules imprimés en 3D, issues de polysurfaces induites par la transcription des données sonores provenant de la mélodie de l'océan, et la la poursuivra en avril 2023 lors d'une première résidence de création, et en mai 2023 lors d'une seconde résidence aux Vivres de l'Art à Bordeaux. Elle consignera ces galbes- symboles dans de petits livrets au format A6, résultant du pliage de feuilles A3 dans un concept graphique de type « fanzine ».

 

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Intemporelle Estacade
Reconstitution de quatre tronçons de l'Estacade de Capbreton avec les résidents de l'EHPAD
de Capbreton, échelle: 1/10e, carton de récupération,
Exposition à la Maison de l'Oralité et du Patrimoine de Capbreton (MOP), mars 2018

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