Sandrine Deville

En 1968, G. Bachelard écrivait: "Le paysage n'est pas la simple addition d'éléments géographiques disparates. C'est, sur une certaine portion d'espace, le résultat de la combinaison dynamique, donc instable, d'éléments physiques, biologiques et anthropiques qui en réagissant dialectiquement les uns sur les autres font du paysage un ensemble unique et indissociable en perpétuelle évolution.", in "Revue de Géographie des Pyrénées et du Sud-Ouest": il spécifiait ainsi le caractère scientifique du terme "paysage", se transformant sous l'influence d'éléments rationnels.

Puis, en 1970, on peut lire, dans le "Dictionnaire de l'enseignement primaire" du CEDA d'Abidjan: "Pendant notre voyage, nous avons vu de très beaux paysages: des montagnes, des lacs, des forêts" et le champ de la collection est alors abordé, le paysage se constituant désormais de diverses séquences, qui restent présentes dans notre mémoire, suivant notre sensibilité.

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Comment évoquer la notion de paysage -sonore- en 2023, en conservant comme objectifs ceux de maintenir une approche scientifique et iconographique, en s'aidant de techniques contemporaines liées à la culture maker?

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Autour de ma recherche de réinterprétation d'un inventaire de sons provenant de la nature en formes, via le projet Inventaire: Formes du Son de l'Océan, je propose ici la découverte de mélodies provenant du biorythme des plantes du domaine d'Abbadia à Hendaye, collectées en février 2023 grâce à une paire de capteurs posés sur les feuilles des végétaux, et transformées en son grâce à un petit boîtier relié à mini un synthétiseur à piles. Aucune plante n'a été arrachée, l'expérience s'arrêtant lorsque les capteurs furent enlevés. Un traitement de post-production sonore, dans le logiciel Ableton Live, a été développé en résidence de création chez Kontainer 40, que je remercie infiniment, du 12 au 16 avril 2023.

Ces six mélopées ont ensuite été traduites en une infinité de formes, grâce à un petit programme créé par mes soins dans un logiciel 3D, servant  d'illustration aux audio livrets, imprimés sur du papier kraft A3 de 90gr.

La collection de sons comprend actuellement douze sons différents, dont six mélodies issues des végétaux du domaine d'Abbadia, avec des relevés sonores effectués en divers endroits du domaine, à diverses saisons. Chaque audio livret reprend la même charte graphique que ce premier LP, sorti chez le label I Low You Records: mise en page inspirée par le manifeste de Fortunato Depero sur le Futurisme paru en 1932, qui a suggéré au designer Peter Saville la ligne directrice pour la conception de la pochette de l'album "Movement" du groupe New Order, sorti en 1981 sur le label Factory Records - FACT 50 NEW ORDER Movement -. S'y ajoutent les coordonnées GPS de l'emplacement de chaque enregistrement sonore.